Des familles de victimes du Rio-Paris demandent la publication intégrale du contenu des boites noires afin de comprendre ce qui s’est réellement passé dans le cockpit d’Air France.
Leur combat n’a pas cessé depuis le 1er juin 2009. Après avoir suivi de près les opérations de recherche de l’épave et des boites noires du vol Rio – Paris qui s’est écrasé dans l’Atlantique sud avec 228 personnes à son bord, les familles de victimes restent maintenant suspendues aux publications du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) ainsi qu’à l’évolution de l’enquête judiciaire.
Deux d’entre elles ont écrit jeudi à la juge Sylvia Zimmermann pour réclamer une enquête plus transparente. Le courrier écrit par Me Thibault de Montbrial, l’avocat de deux familles, a été dévoilé vendredi matin par nos confrères de RTL.
Les familles de victimes réclament ainsi la publication intégrale du contenu des deux boites noires: les paramètres de vols contenus dans le DFDR (Digital Flight Data Recorder) et les conversations des pilotes contenues dans le CVR (Cockpit Voice Recorder). «(…) Il est indispensable de fournir aux parties les données du CVR dans leur intégralité, écrit ainsi Me Thibault de Montbrial. En effet, il est utile à la manifestation de la vérité de prendre connaissance de l’ensemble des propos des pilotes afin d’avoir une pleine capacité d’analyse des événements depuis les minutes qui ont précédé la catastrophe et ce, avant même la déconnection du pilote automatique».
S’agissait-il de trois mauvais pilotes
A ce jour, les boites noires ont révélé que l’équipage n’a jamais compris que l’appareil tombait vers l’océan parce qu’il avait décroché, et ce malgré le retentissement des alarmes adéquates dans le cockpit. Pire, les pilotes ont fait le contraire de ce qu’il fallait faire en tirant sur le manche et en précipitant les 216 passagers vers la mort. Jusqu’à présent, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), en charge de l’enquête de sécurité aérienne, n’a rendu public que les éléments des boites noires susceptibles d’expliquer les causes de l’accident. Il n’est pas rentré dans le détail des éléments qui pourraient éclairer sur l’état d’esprit ou la fraicheur de l’équipage ainsi que sur les responsabilités. Seul un pilote de voltige et auteur a fait sensation en publiant en octobre la totalité du CVR qu’il s’était procuré, dans un livre intitulé Intitulé «Erreurs de pilotage, Tome 5».
L’enquête judiciaire va passer au crible les éléments du scénario ainsi que reprendre la totalité des données pour déterminer les responsables. Et répondre à cette épineuse question: s’agissait-il de trois mauvais pilotes que le hasard a réuni au mauvais moment sur le mauvais vol, ou la compagnie Air France est-elle responsable d’une mauvaise formation ainsi que d’un mauvais entraînement de ses équipages?
Les familles de victimes aimeraient également être sûres que des paramètres ou dysfonctionnements techniques liés à l’avion ne soient pas oubliés en cours de route. «Il est tout aussi impératif que l’ensemble des parties puisse avoir un égal accès à tous les éléments techniques bruts, afin de ne pas voir la vérité construite sur une présélection qui, de par sa seule existence, semble de nature à entraver la sérénité de l’évolution du dossier», explique l’avocat des familles.