Trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende ont été requis mercredi contre le fondateur de l’ONG BarakaCity récemment dissoute par le gouvernement, Idriss Sihamedi, poursuivi pour injures racistes à l’encontre de la journaliste et militante anti-islamiste Zineb El Rhazoui.
Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 3 mars.
Ni Idriss Sihamedi, de son vrai nom Driss Yemmou, ni l’ex-journaliste de Charlie Hebdo n’étaient présents à l’audience.
Le 18 décembre, M. Sihamedi a comparu une première fois devant un tribunal pour cyberharcèlement contre Mme El Rhazoui. Le jugement dans cette première affaire doit être rendu vendredi.
Ce mercredi, il était poursuivi pour le caractère « raciste et injurieux » de certains tweets publiés en septembre à l’encontre de la même journaliste. Un de ces messages qualifiait Mme Rhazoui « d’Arabe de service », d’autres la comparaient à un animal ou évoquait sa supposée servilité dans des termes peu amènes.
Ce dossier s’inscrit « dans un contexte grave », a rappelé l’avocat de Mme Rhazoui, en soulignant que les premiers tweets injurieux avaient visé sa cliente au moment de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015.
Décrivant M. Sihamedi comme « un influenceur » de l’islamisme en France – il était suivi à l’époque des faits par plus de 20.000 personnes, plus du double aujourd’hui -, Me Thibault de Montbrial a estimé que ses tweets posaient « une cible dans le dos » de sa cliente.
Sous protection policière depuis 2015, Mme Rhazoui a vu sa sécurité renforcée en raison des menaces qui pèsent sur sa personne. « Une minorité (des abonnés au compte du prévenu) est tout à fait capable de passer à l’acte », a alerté l’avocat.
La procureure a estimé quant à elle que les tweets de M. Sihamedi « respirent le mépris » et dénoncé leur caractère « vindicatif », n’y décelant « aucun signe d’humour » ou de second degré.
Les avocats du prévenu ont réclamé la relaxe de leur client, en rappelant qu’il était dans le collimateur des autorités françaises.
L’association humanitaire BarakaCity a été dissoute fin octobre et ses fonds gelés, accusée par le gouvernement « d’inciter à la haine » et de « justifier des actes terroristes » après l’assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune islamiste.
« Est-ce si fréquent qu’une personne poursuivie pour cyberharcèlement soit perquisitionnée au petit matin par des policiers du Raid et placée en garde à vue », s’est interrogé à l’audience Me Ouadie Elhammamouchi. Mme Rhazoui « insulte les musulmans », a ajouté l’avocat.
Un autre avocat de M. Sihamedi, Me Sefen Guez Guez, a estimé que son client était un « lanceur d’alerte » et que ses tweets relevaient du « débat d’idées ».