You are currently viewing Policiers tués à Magnanville en 2016 : un complice présumé renvoyé aux assises

Photo : Adobe Stock

Mohamed Lamine Aberouz est soupçonné d’avoir été présent au moment où le djihadiste Larossi Abballa assassinait Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider à leur domicile, le 13 juin 2016.

Mohamed Lamine Aberouz, complice présumé de Larossi Abballa qui avait assassiné un couple de policiers à son domicile de Magnanville (Yvelines) il y a plus de cinq ans, a été renvoyé devant les assises. Les magistrats ont suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT) concernant cet homme jugé pour « complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique », « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « complicité de séquestration sur mineurs de 15 ans » en relation avec une entreprise terroriste.

Le 13 juin 2016, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat des Mureaux (Yvelines), et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif dans un commissariat voisin, avaient été assassinés au couteau, chez eux, le 13 juin 2016, en présence de leur fils âgé alors de 3 ans. Mais alors que les enquêteurs penchaient initialement pour la seule présence d’Abballa au domicile du couple, les magistrats ont fini par suspecter son ami Aberouz d’avoir été également sur place.

Mis en examen le 11 décembre 2017 et placé en détention provisoire, Mohamed Lamine Aberouz, 28 ans, clame son innocence, assurant s’être rendu ce soir-là à la mosquée. Mais son ADN a été trouvé sur le repose poignet de l’ordinateur du couple utilisé pour la revendication. Des expertises ont par ailleurs rejeté l’hypothèse, avancée par la défense, d’un « transfert » car il aurait « serré la main » d’Abballa quelques jours auparavant. Elle a été jugée « peu convaincante », selon l’ordonnance de mise en accusation.

« Renfort idéologique »

Selon les magistrats, l’assaillant principal, « réputé moins féru d’informatique », a pu faire appel à son ami pour ses « compétences » en la matière afin de transmettre la revendication en direct. Ils considèrent également que Larossi Abballa a pu souhaiter la présence d’Aberouz « afin d’y trouver un encouragement moral et un renfort idéologique, mais également afin de garantir la commission (des) assassinats successifs ». Mohamed Lamine Aberouz a pu s’échapper « avant l’intervention des forces de l’ordre », avancent les magistrats antiterroristes, s’appuyant sur la « configuration des lieux ».

Mohamed Lamine Aberouz a été condamné en appel dans ce dossier en juin 2021 à cinq ans d’emprisonnement pour non-dénonciation de crime terroriste. « Sa seule présence, y compris passive, (…) caractérise un acte de complicité d’assassinats » en relation avec une entreprise terroriste, ont conclu les magistrats. « Les dénégations de Mohamed Lamine Aberouz, quant à son adhésion à l’idéologie djihadiste (…) n’apparaissent donc pas convaincantes ni suffisantes au regard des éléments recueillis par ailleurs », notent-ils encore : les deux hommes « étaient portés par la même idéologie favorable au djihad armé ». Amis, Larossi Abballa et Mohamed Lamine Aberouz ont également eu la même promise : Sarah Hervouët, condamnée à vingt ans de réclusion pour une tentative d’attentat aux bonbonnes de gaz en 2016 à Paris.

Pourquoi eux ?

L’avocate de la famille de Jean-Baptiste Salvaing, Me Pauline Dufourq, a déclaré que les proches du policier assassiné « saluaient l’enquête exemplaire » et « attendaient le procès avec sérénité et confiance ». « Il demeure la frustration et l’inquiétude de ne toujours pas savoir pourquoi le commandant Salvaing a été ciblé et comment les islamistes ont eu accès à son adresse personnelle », a commenté Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille de Jessica Schneider.

Hormis des repérages dans les semaines avant l’attentat, « il n’a pas été établi comment ni pourquoi le choix » d’Abballa « s’était porté » sur le couple, confirment les magistrats. Au cours de ses interrogatoires, Mohamed Lamine Aberouz a reconnu « avoir pu se rendre à proximité du domicile des victimes » lors de cours de conduite en 2016. Mais, « si le domicile des victimes a pu être identifié à cette occasion, aucun élément n’a néanmoins permis de confirmer cette hypothèse », considèrent les juges.

Source Le Parisien