You are currently viewing Aulnay : relaxe demandée pour les élus poursuivis par le maire

Huit élus d’opposition et un blogueur local étaient au tribunal ce jeudi, accusés par le maire LR Bruno Beschizza de l’avoir qualifié d’homophobe après son arrêté interdisant la campagne anti-Sida.

Bruno Beschizza, maire (LR) d’Aulnay, a-t-il pris une décision homophobe, en novembre 2016, en interdisant par arrêté une campagne d’affichage anti-Sida montrant un couple d’hommes ? La question a animé le tribunal correctionnel de Paris, ce jeudi.

A la barre : huit élus d’opposition, poursuivis par l’édile pour avoir produit un communiqué dans la foulée de son arrêté, expliquant que celui-ci était « homophobe ». Le parquet a requis la relaxe pour les mis en cause. Le délibéré est attendu le 24 mai.

Délibéré le 24 mai

« Notre communiqué qualifie d’homophobe son arrêté – qui interdit une campagne de santé publique à l’égard d’une catégorie de personnes, les homosexuels – mais nous ne disons pas que le maire l’est lui-même ! Nous ne sondons pas son cœur ni ses reins », a clamé Daniel Goldberg, ancien député et conseiller municipal PS.

L’élu a aussi rappelé que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait jugé que cet arrêté « pouvait apparaître comme stigmatisant » à l’égard des homosexuels.

Coup politique ?

« Cet arrêté était un coup politique, un gage donné à la droite dure en pleine campagne de l’entre-deux tours de la primaire de droite », a contextualisé, en aparté, Miguel Hernandez (PC). « Pourquoi le maire a-t-il annoncé cette décision sensible à… BFMTV, au lieu d’en parler le soir même au bureau municipal ? » s’est interrogé Guy Challier (PS).

Arnaud Kubacki, blogueur poursuivi pour avoir relayé le communiqué, a assuré qu’il l’avait fait « comme pour tout communiqué envoyé par quelque camp que ce soit ». Ajoutant : « Même le cabinet du maire m’envoie des communiqués taclant l’opposition… et demande que ce soit publié anonymement ! »

Le maire absent à l’audience

Le maire absent à l’audience, son avocat Thibault de Montbrial a pris la parole. « Vous qui connaissez bien Bruno (Beschizza), l’avez-vous déjà entendu prononcer une parole homophobe ? »

Négatif, selon Gérard Ségura, ex-maire PS. Qui a tempéré, rappelant la campagne de 2014 au cours de laquelle le camp Beschizza avait tracté sur l’enseignement supposé de la théorie du genre à l’école. Une polémique qui a parfois dérivé vers l’homophobie.

Pour éviter des troubles à l’ordre public

Pas de quoi convaincre la partie civile. « On nous dit que c’est l’arrêté pris par M. Beschizza qui est homophobe. Mais chacun sait qu’un arrêté n’a pas des petites pattes et un cerveau, il ne peut pas être homophobe ! En réalité, celui qui est visé, c’est évidemment celui qui signe l’arrêté, a tonné l’avocat. Ils plaident la bonne foi : ils n’ont pas voulu dire que le maire est homophobe… sauf qu’ils l’ont bel et bien dit ! »

Et de rappeler que cet arrêté avait été pris pour éviter des troubles à l’ordre public. La majorité – témoignages lus à l’audience à l’appui – assurant que la grogne montait dans certains quartiers. « Le responsable de la médiation produit un écrit dans lequel il dit que des habitants veulent dégrader les panneaux d’affichage » a indiqué, entre autres, la partie civile. Qui réclame 6 000 € de dommages et intérêts.

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