L’ancienne journaliste de Charlie Hebdo est la cible d’un «déferlement de haine reçu sur les réseaux sociaux» pour avoir dit sur CNews que l’islam devait «se soumettre à la critique». Son avocat, Me Thibault de Montbrial, a porté plainte mercredi pour «menaces de mort».
Insultes, menaces de mort, appels au viol… Depuis près d’une semaine, Zineb el Rhazoui subit une violente campagne de harcèlement en ligne. En cause, les propos tenus vendredi dernier par l’ancienne journaliste de Charlie Hebdo sur le plateau de CNews: «Il faut que l’islam se soumette à la critique, qu’il se soumette à l’humour, qu’il se soumette aux lois de la République, qu’il se soumette au droit français. On ne peut pas venir à bout de cette idéologie en disant aux gens “l’islam est une religion de paix et d’amour”», avait-elle affirmé.
Une plainte pour «menaces de mort» a été déposée mardi par son avocat, Me Thibault de Montbrial. «L’urgence a bien été comprise par la police et le parquet», assure-t-il. «Nous avons transmis les messages incriminés aux enquêteurs qui vont faire des réquisitions auprès de Facebook et Twitter pour remonter jusqu’à leurs auteurs.»
Protection policière
«J’espère que les auteurs de ces messages seront identifiés et mis devant leurs responsabilités», dit Zineb el Rhazoui au Figaro. «L’impunité judiciaire doit cesser.» Militante laïque, la journaliste franco-marocaine est régulièrement prise pour cible par des fondamentalistes pour ses prises de position hostiles à l’islam politique et à l’islam radical. Journaliste chez Charlie Hebdo en 2015, elle n’était pas à la rédaction le 7 janvier, quand les terroristes l’ont décimée. Elle vit depuis sous étroite protection policière.
«Ce n’est pas la première fois que je subis une campagne de haine, et même de fatwa qui réclame ma tête, tout ça pour des propos de bon sens»
Si cette campagne de harcèlement l’a profondément affectée, Zineb el Rhazoui n’est pas revenue sur ses propos. Au contraire, elle les a réaffirmés mercredi sur le plateau de CNews. «Ce n’est pas la première fois que je subis une campagne de haine, et même de fatwa qui réclame ma tête, tout ça pour des propos de bon sens, comme ceux que j’ai tenus vendredi», a-t-elle dit avant de répéter que l’islam devait «se soumettre aux lois de la République, à l’humour, à la raison, à la critique, comme toutes les autres religions.»
Auprès du Figaro, elle dénonce un climat délétère. «Quatre ans après l’attentat de Charlie Hebdo, la situation est pire que jamais. Cette campagne de haine n’a même pas été provoquée par une caricature, mais par une phrase aussi simple que ça», dit-elle, déplorant un manque de soutien dans les rangs de la gauche, dont elle est issue. «Qu’attendent les journaux qui font des portraits dithyrambiques d’islamistes notoires pour raconter ce que je subis? Où sont ceux qui se disaient ‘‘Charlie » en 2015?»
C’est la seconde fois en trois mois que la militante laïque est la cible de messages haineux. La première salve avait été provoquée fin septembre par ses propos dans l’émission «Punchline» (C8), où la journaliste avait affirmé que les femmes voilées affichaient «une idéologie qui est celle de l’islam radical, qui est une idéologie dont l’aboutissement est le terrorisme». Des propos qui lui ont valu une plainte du Collectif contre le racisme et l’islamophobie (CRI), une association à l’activité comparable au très procédurier CCIF.