Enjeu principal: le choix d’un lieu suffisamment adapté pour accueillir avec une sécurité optimale plusieurs milliers de personnes.
Les autorités judiciaires ont commencé ce jeudi à consulter les avocats des parties civiles et de la défense sur la délicate question de l’organisation du procès hors norme des attentats de Paris du 13 novembre 2015, qui pourrait avoir lieu en 2021, selon des sources concordantes.
Une réunion s’est déroulée à la cour d’appel de Paris à l’initiative de la première présidence et du parquet général, qui ont été sollicités par la ministère de la Justice, avant même le renvoi éventuel devant la cour d’assises de suspects liés à ces attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Où organiser ce procès?
Enjeu principal: le choix d’un lieu suffisamment adapté pour accueillir avec une sécurité optimale plusieurs milliers de personnes dont 1.700 parties civiles et au moins 270 avocats, et ce pendant quatre à six mois. Un tel procès, si les juges antiterroristes devaient en décider ainsi, se déroulerait en 2021 a indiqué mercredi au Parisien la procureure générale de la cour d’appel de Paris, Catherine Champrenault.
« Cette réunion a un double objectif: elle doit permettre d’évaluer le nombre de personnes présentes et recueillir le point de vue des professionnels sur la question de la localisation et de l’organisation du procès », a résumé une source judiciaire après la réunion.
Construction d’un lieu ex nihilo ou aménagement d’une salle dans un bâtiment judiciaire, choix d’une salle unique ou d’une configuration incluant des salles de retransmission: « toutes les options sont sur la table », a commenté cette source.
Une décision avant fin mars
Les avocats ont jusqu’à fin mars pour faire part de leurs observations. Et une décision de la Chancellerie « devrait être prise assez rapidement, cet aménagement nécessitant un délai de 20 mois », a ajouté la source judiciaire.
« Ce qu’il en est ressorti c’est que nous préférons que justice soit rendue dans un lieu judiciaire », a déclaré à l’AFP Samia Maktouf, avocate d’une trentaine de parties civiles, se disant « choquée » par le fait que l’éventualité d’organiser le procès dans une salle de spectacles ait pu être évoquée. « C’est ne pas considérer la douleur des victimes », a-t-elle dénoncé.
Soulignant la « symbolique » à juger ces faits qui ont « fortement » touché la France, Thibault de Montbrial, avocat d’une dizaine de parties civiles, a estimé que « la société doit montrer sa résilience, qui passe par sa capacité à juger de ces crimes dignement ». Selon lui, « notre système judiciaire doit désormais être capable de juger des événements de masse que ce soit pour des attentats ou des accidents collectifs ».