Les avocats Thibault de Montbrial et Jean-Pierre Mignard réagissent à l’affaire du bijoutier de Nice.
Deux avocats, Thibault de Montbrial et Jean-Pierre Mignard. Le premier – qui compte plusieurs clients dans les rangs des bijoutiers attaqués ou chez les policiers –, a été le collaborateur du second, personnalité du Parti socialiste, qui s’est notamment illustré dans la défense des adolescents électrocutés de Clichy-sous-Bois. Les deux avocats sont d’accord sur un point : la détention ne s’imposait pas pour le bijoutier de Nice. « Le contraire aurait été un scandale… Il ne faut pas oublier qui a agressé qui », insiste Me Montbrial. Leurs points de vue ne sont pas éloignés non plus pour ne pas condamner le fait que ce commerçant se soit armé. « Ce n’est pas une solution, mais vu le nombre d’attaques, ce n’est pas en donnant des leçons de morale qu’on protégera les bijoutiers. Si on veut bloquer ce processus (armement des particuliers, création de milices…), il faut bloquer les agresseurs, c’est le boulot de la PJ », argumente Me Mignard. « De la même manière que l’on ne peut pas reprocher aux autorités de ne pas mettre un policier devant chaque commerce, on ne peut pas reprocher aux commerçants de se protéger. Se défendre est un droit naturel de l’homme », souligne Thibault de Montbrial.’
En revanche, leur appréhension de la notion de légitime défense diverge. Pour Me Montbrial, elle peut s’appliquer dans le cas de Stéphane Turk parce que « c’est un homme en état de choc qui a vu sa dernière heure arriver qui réagit quelques secondes après une agression violente, donc dans la même unité de temps ». Peut-être, suggère-t-il, « faut-il ajouter à nos textes, comme dans le code pénal suisse, un alinéa qui oblige le juge à tenir compte dans son appréciation de l’état de confusion que la violence a causé chez celui qui l’a subie ». « Non, rétorque Me Mignard. La légitime défense doit être concomitante et proportionnée à la menace. A priori, cet homme n’était pas ou plus menacé quand il a fait feu. En revanche, ce qu’il a vécu avant sera évidemment pris en compte comme circonstances atténuantes devant le tribunal. »