Le procès de deux complices présumés d’un braqueur qui avait grièvement blessé un policier de deux balles dans la tête à Saint-Ouen en 2015, s’est ouvert jeudi à Bobigny, avec l’audition d’un enquêteur qui a qualifié le dossier «d’exceptionnel».
Les deux hommes, qui comparaissent détenus, sont jugés jusqu’au 13 octobre devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis pour «vol en bande organisée avec arme» et, pour l’un d’eux, «participation à une association de malfaiteurs». Le braqueur qui avait tiré sur le policier a été tué dans la fusillade.
L’un des accusés, 31 ans, épaisse barbe noire et crâne rasé, est soupçonné d’être la «taupe» au sein de la société de transport de bijoux qui avait fait l’objet du hold-up, le 5 octobre 2015.
Connu pour des «faits liés à l’islamisme radical» selon les enquêteurs, il travaillait comme sous-traitant de cette entreprise. Il lui est reproché d’avoir fourni aux bandits des indications sur les lieux et les employés présents, ainsi que la date propice pour commettre le méfait.
Le deuxième, 26 ans, pull gris clair et cheveux noir, officiait comme chauffeur. Il avait été interpellé après la fusillade, au volant de l’utilitaire pris en chasse par les policiers. Il ne portait pas d’arme et s’était rendu.
«Il a pris tous les risques», lors de la course-poursuite qui a duré près de 10 minutes, a dit à la barre un commandant de la brigade de répression du banditisme (BRB), chargée de l’enquête. «Il a remonté des rues à contre-sens, manquant de percuter des véhicules», nombreux à circuler en ce lundi matin d’octobre 2015.
L’utilitaire avait fini par être bloqué par un barrage de voitures de police. L’autre malfaiteur, un récidiviste en fuite, radicalisé et fiché «S», était alors sorti de l’utilitaire et avait «immédiatement» fait feu avec un pistolet automatique sur des agents de la BAC de Saint-Denis. Il avait grièvement blessé un brigadier, aujourd’hui âgé de 38 ans.
Les dossiers où le malfaiteur tire froidement sur la police lors d’un braquage sont «exceptionnels», a dit le commandant de la BRB, interrogé par Thibault de Montbrial, l’un des avocats des douze policiers partie civile au procès.
L’homme «a tiré à bout portant», a expliqué en marge de l’audience, le père du brigadier, lui-même ancien policier. Son fils a reçu deux balles, «une dans la joue, la deuxième dans le crâne, alors qu’il était au sol».
«Il a encore des éclats de balle dans la tête», a dit le père. «Il a beaucoup de maux de tête, des troubles de la mémoire». Il espère que le procès aidera son fils «à faire le deuil» de l’affaire.
Le policier blessé doit témoigner à la barre vendredi matin.