Agression: 5 ans après l’agression sexuelle d’un engagé dans l’équipe de gym des pompiers de Paris, le parquet demande un procès pour 10 protagonistes
Cinq ans après l’agression sexuelle d’un engagé qui avait conduit à la dissolution de la prestigieuse équipe de gymnastique de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), le parquet a demandé le renvoi en correctionnelle de dix anciens membres de l’équipe, a-t-on appris mardi de sources judiciaire et proches du dossier.
Il appartient désormais aux juges d’instruction de décider de les renvoyer ou non en procès.
Dans ses réquisitions rendues le 11 mai, le parquet de Paris demande que trois pompiers soient jugés pour « agression sexuelle en réunion », ont précisé ces sources, confirmant une information d’Europe 1. L’un d’entre eux est mis en examen pour viol, une qualification pénale qui n’a pas été retenue par le ministère public.
En mai 2012, un engagé de 23 ans avait déposé plainte, accusant un de ses collègues de l’avoir violé avec une bouteille en présence d’autres pompiers, dont un officier et un sous-officier, après une séance de bizutage dans un autocar ramenant l’équipe de gym de la BSPP de Colmar à Paris. La scène avait été filmée avec un téléphone.
Le jeune homme avait été mordu, reçu plusieurs gifles et fessées et les examens médicaux avaient mis en lumière de multiples lésions traumatiques.
Un autre engagé avait déposé plainte après avoir été contraint de se déshabiller et fait l’objet de châtiments corporels.
Dans la foulée de ce scandale, la prestigieuse équipe de gymnastique, créée en 1919 et qui comptait 50 gymnastes de très haut niveau, avait été dissoute.
Au cours de l’instruction, des mis en examen ont mis en avant « un prétendu consentement des victimes », note le parquet dans ses réquisitions d’après une source proche du dossier, mais le ministère public rejette cette interprétation. « Ils ont été maintenus au niveau des bras et des jambes pour se voir infliger des violences et diverses humiliations auxquelles ils n’adhéraient pas car ils se débattaient et criaient », souligne-t-il.
Pour l’avocat des victimes, Me Nicolas Cellupica, « les agresseurs n’ont toujours pas pris conscience de la gravité des faits ». « L’état-major de la BSPP n’a jamais fait part du moindre soutien envers mes deux clients », a-t-il déploré auprès de l’AFP.
Le parquet demande également que cinq anciens membres de l’équipe de gymnastique soient jugés pour « violences volontaires en réunion » et deux autres pour « non empêchement de la commission d’un délit ».
Il requiert en revanche un non-lieu pour l’officier et le sous-officier présents dans le car au moment des faits, estimant que l’enquête n’a pas permis d’établir qu’ils avaient eu « une parfaite connaissance des violences et actes sexuels infligés », a expliqué une source proche du dossier.
« Le parquet a pris la mesure du fait que mon client ne pouvait percevoir si ce qui se passait au fond du (car) dépassait les chahuts traditionnels », s’est félicité l’avocat d’un des deux responsables, Me Thibault de Montbrial.