Wilston Blam, radicalisé et en cavale, avait blessé un policier de deux balles dans la tête, en 2015 à l’Ile-Saint-Denis. Deux complices présumés sont jugés jusqu’à jeudi.
Hakim S. (à gauche) et Mourad E. avec leurs avocats Mes Xavier Nogueras, Clarisse Serre et Clément Diakonoff. Ils sont jugés par la cour d’assises de Bobigny pour vol en bande organisée et les violences qui ont suivi le braquage perpétré par Wilston Blam à Saint-Ouen le 5 octobre 2015. Il avait blessé un policier de deux balles dans la tête avant de se faire tuer.
Wilston Blam, radicalisé et en cavale, avait blessé un policier de deux balles dans la tête, en 2015 à l’Ile-Saint-Denis. Deux complices présumés sont jugés jusqu’à jeudi.
Ce n’est pas de terrorisme dont il est question devant la cour d’assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et pourtant, depuis quatre jours, la radicalisation religieuse hante le procès des deux complices présumés de Wilston Blam, braqueur qui a blessé un policier de deux balles dans la tête.
Comme si cette dimension pouvait aider à comprendre le geste aussi mortifère que suicidaire de ce prisonnier en cavale, fiché S. « Blam ne voulait pas aller en prison, il voulait tuer un policier avant de mourir en martyr et je pense qu’une partie de l’argent était destinée à la cause », a avancé un commandant de la BRB à la barre lundi, en réponse à Me Thibault de Montbrial, avocat de policiers.
Blam, aussi surnommé SK — non pas pour Serial killer mais en référence à l’escalope qu’il appréciait — était monté au braquage avec Mourad E. pour chauffeur. « C’était pas une opération commando qu’on allait faire ! » se défend cet habitant de Bobigny, âgé de 26 ans, qui pensait pouvoir utiliser la moitié du butin pour payer « une formation de serrurier et ouvrir une boutique ». Il explique avoir rencontré Blam sur la dalle Paul-Eluard, grâce à « des amis », quelques mois plus tôt. Son rôle ? « Trouver une voiture. J’étais invité sur ce coup », répète-t-il en rappelant son passé de simple délinquant, six fois condamné. Qui avait donné le tuyau ? « J’ai pas cherché à savoir, moins on en sait, mieux c’est » explique-t-il. Son avocat, Me Clarisse Serre, le trouve plus nerveux que d’habitude. « C’est l’ambiance dans ce dossier qui vous dépasse ? » « Oui », répond son client, qui jure ne pas connaître son coaccusé.
Hakim S., ancien livreur dans l’entrepôt braqué, est accusé d’avoir servi de taupe justement. « Wilston Blam est venu chez moi pendant le ramadan, une dizaine de fois, en juin », relate-t-il. Les deux hommes s’étaient rencontrés par un troisième, « Aro », ancien éducateur de Blam à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Aro avait été un temps soupçonné d’avoir pris part aux préparatifs du braquage avant de bénéficier d’un non-lieu. Il est resté introuvable malgré un mandat d’amener.
Hakim S., condamné une seule fois, pour des violences contre un voisin, n’était pas fiché S. Pourtant, ses déboires judiciaires, en lien avec deux entreprises terroristes, interpellent l’accusation. « Il a été relaxé en appel et a obtenu un non-lieu dans une autre affaire », recadre son avocat Me Xavier Nogueras.
«C’était de l’ironie»
« Pourquoi n’y a-t-il pas eu alors de signalements aux services antiterroristes ? » questionne l’avocat. « Avec les attentats du 13 novembre 2015 (un mois plus tard), la brigade criminelle avait autre chose à faire », a rétorqué le commandant de la BRB. La lecture d’échanges de SMS entre Hakim et un ami le 14 novembre, agrémentés de « LOL » et « MDR », jettent un froid dans la salle : « Y a plus personnes dans les rues LOL […] Je pense soit c’est le froid, soit autre chose. » Hakim S. : « C’est Noël LOL ». L’ami : « Ils ont reçu 127 cadeaux de Noël »… « C’était de l’ironie, par rapport à la stigmatisation des musulmans », réagit Hakim S deux ans plus tard : « Je n’ai jamais eu de projet terroriste, ni en France, ni ailleurs. Je n’ai rien à voir avec l’islam radical ».
Sur douze photos extraites de la vidéosurveillance de l’entrepôt braqué, le 5 octobre, on le voit sortir le dernier de l’entrepôt. La BRB a pensé qu’il indiquait la sortie à Blam. « J’étais juste sidéré », dit-il. « Mais pourquoi étiez vous dans l’entrepôt le 5 octobre alors que votre contrat de travail se terminait le 30 septembre ? » l’interroge l’avocat général. « Le contrat, c’est de la paperasse, mais je peux vous dire que je travaillais encore. » Il a prévu de demander à sa famille de retrouver le bulletin de paye d’octobre qui en atteste. Les accusés encourent vingt ans de réclusion.