Sohaib L., 21 ans, a été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir diffusé des messages de haine contre la porte-parole des Républicains.
Sur les réseaux sociaux, les messages haineux à l’endroit de Lydia Guirous, porte-parole des Républicains sous Nicolas Sarkozy en 2015, avant de retrouver son poste depuis l’élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti, étaient devenus une habitude. Le 15 mars 2016, sous couvert d’anonymat, un utilisateur de Twitter publiait en effet un message particulièrement virulent : « Je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire cette conne de Lydia Guirous. »
Quelques semaines plus tard, les menaces devenant récurrentes, Lydia Guirous décide de porter plainte. Le réseau social coopère avec les enquêteurs, et ces derniers remontent l’adresse IP de l’internaute, qui se trouve être Sohaib L., 21 ans, un chauffeur-livreur des Hauts-de-Seine, connu des services de police pour divers délits de droit commun.
« Ces messages sont insupportables », Lydia Guirous
Interrogé, le suspect reconnaît qu’il s’agit bien de son compte Twitter, mais affirme qu’il s’agissait de paroles en l’air, qu’il n’avait pas l’intention de s’en prendre à la femme politique. Les policiers s’intéressent cependant à des messages supprimés quelques jours avant son audition, dans lesquels le suspect montre des signes de radicalisation. L’homme semble se réjouir du crash d’un avion russe en décembre 2016 : « Notre cadeau de Noël », écrivait-il. Dans une autre publication, Sohaib L. s’en prend à la France : « La misère de la nudité, de la perversion, et de la débauche. »
Le parquet a considéré que les charges étaient suffisantes pour citer l’homme à comparaître, devant la 28e chambre du tribunal correctionnel de Paris. « Ces messages sont insupportables, avait fait savoir Lydia Guirous, par la voie de son avocat, Thibault de Montbrial. Mais il ne faut pas céder à ceux qui veulent faire taire les opposants à la progression de l’islamisme. »
Des prises de position qui lui valent de nombreux ennemis
Relaxé en première instance, Sohaib L. a finalement été condamné en appel à six mois de prison avec sursis et 2 500 euros de préjudice moral. « Cet arrêt est l’occasion de rappeler qu’on ne menace pas impunément sur les réseaux sociaux, qui ne constituent pas un champ d’échange sauvage où la loi ne serait pas appliquée », réagit Thibault de Montbrial.
Depuis la publication en 2014 de son livre Allah est grand, la République aussi, un « pamphlet brûlant contre tous les communautaristes », selon la définition qu’en donne son éditeur, JC Lattès, Lydia Guirous était en effet devenue une cible sur les réseaux sociaux. Ses positions publiques contre le port du voile à l’université et contre les repas de substitution dans les cantines, en tant que secrétaire nationale chargée des valeurs de la République et des questions de laïcité, lui avaient attiré de nombreux ennemis.